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La question du participe passé

L’accord du participe passé sacrifié sur l’autel de la simplification à tout-va ?

images.jpgLes grammairiens à l’origine des Rectifications de 1990 ne s’en sont jamais cachés, du moins en privé : ces mesurettes n’étaient qu’amuse-gueule avant le plat de résistance que représentait l’accord du participe passé.

Son tour est venu. Le Conseil international de la langue française (CILF) et le groupe Études pour une rationalisation de l’orthographe française d’aujourd’hui (EROFA) ont saisi autorités gouvernementales et instances de la francophonie. Ils demandent que le participe passé ne s’accorde jamais quand il est conjugué avec avoir, toujours avec être : écrire « les promesses qu’il a fait », « elle s’est dite », « ils se sont parlés » ne constituerait plus une faute. Le mot est d’ailleurs devenu tabou, car il stigmatise. Parlons plutôt d’une « application instinctive d’une logique grammaticale en passe de se substituer à des logiques antérieures ». Elle n’est pas belle, la vie ?

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Orthographe : un habitant de l’Eure veut réformer le participe passé

(photo : Flickr/cc/ romana klee)Le linguiste eurois Claude Gruaz milite pour une réforme du participe passé (photo : Flickr/cc/ romana klee).

« Les musiciens que j’ai entendus jouer » : « u » ou « us»  ? « Elle s’est absentée » : « é » ou « ée » ? Vous aussi, vous avez tendance à réfléchir à deux fois avant d’accorder le participe passé ? Vos doutes pourraient bientôt être dissipés. Parce que l’orthographe française est particulièrement complexe et de moins en moins maîtrisée, certains linguistes et experts militent pour une simplification des règles en vigueur.

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Le participe passé hier et demain

Remettre en cause les règles d’accord du participe passé ? Quel sacrilège ! On prétend qu’elles sont difficiles à retenir, mais il suffit de se donner un peu de mal ! On ne va tout de même pas toucher à ce qui existe depuis des siècles !

Or les fondements théoriques de ces règles, tout comme leur histoire, sont loin de justifier la considération, pour ne pas dire la vénération quasi cultuelle, dont on fait preuve à leur égard. Les variations de l’usage actuel montrent que le moment est venu d’examiner leur bien fondé et d’en formuler de nouvelles à la fois plus simples et plus rationnelles.

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Les trois approches du participe passé

L’accord du PP a connu trois moments :

– l’existence de théories diverses avant l’instauration de la norme,

– l’hégémonie de la norme accompagnée de plusieurs projets de réforme,

– la mise en cause de la norme et l’avancée vers une rationalisation.

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Motion CILF-EROFA sur le « Participe passé »

Mars 2014

Pour un assouplissement des règles d’accord du participe passé

Les difficultés de l’accord du participe passé (en abrégé PP) sont notoires. Des enquêtes ont montré que les professeurs de français y consacrent environ 80 heures de théorie et d’exercices au cours d’une scolarité ordinaire. Ce ne serait qu’un moindre mal si le succès couronnait l’entreprise. On en est loin. Face aux manquements qui abondent dans les copies d’élèves et dans la bouche ou sous la plume de leurs ainés, des voix réclament d’un peu partout une remédiation.

Le CILF ‘Conseil international de la langue française’ et le groupe EROFA ‘Études pour une rationalisation de l’orthographe française’ soumettent à cet effet aux Autorités gouvernementales et aux Instances de la Francophonie trois propositions *.

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Tableau récapitulatif de l’accord du participe passé

Mise en perspective de l’actuelle norme et des propositions  d’EROFA.

Norme actuelle

D’après Line Sommant, Accordez vos participes, Albin Michel, Paris, 2004.

Proposition

D’après C. Gruaz (dir.), L’accord du participe passé, Lambert-Lucas, 2e édition, 2013, étude réalisée par EROFA (Études pour une rationalisation de l’Orthographe Française d’Aujourd’hui), http://erofa.free.fr.

PP sans auxiliaire :

• Accord, ex. des livres lus

des livres lus

– devant le nom : invariables,

ex. excepté la maison

excepté la maison

– après le nom : variables,

ex. la maison exceptée

la maison exceptée

PP d’un verbe non pronominal avec être

• Accord avec le sujet,

ex. Elles sont arrivées

Elles sont arrivées

PP avec avoir

• Accord avec COD antérieur,

ex. Les informations que j’ai reçues

Les informations que j’ai reçu

• Pas d’accord

– avec COD postérieur,

ex. J’ai reçu des informations

J’ai reçu des informations

– pas de COD,

ex. Marie a protesté

Marie a protesté

– COD sous-entendu : pour les PP dit, dû, cru, su, voulu, permis, pensé, prévu :

ex. Il a raconté toutes les histoires qu’il a voulu (raconter)

Il a réalisé tous les travaux qu’il avait dit (qu’il réaliserait)

Il a raconté toutes les histoires qu’il a voulu (raconter)

Il a réalisé tous les travaux qu’il avait dit (qu’il réaliserait)

• Verbes complétés par un complément circonstanciel : couter, peser, marcher, courir, dormir, régner, valoir, vivre, durer, pas d’accord

ex. Les trois jours que son voyage a duré (a duré combien ?)

Les trois jours que son voyage a duré

– accord si le complément est un COD,

ex. Les joies que ce travail nous a données (nous a donné quoi ?)

Les joies que ce travail nous a donné

PP suivi d’un infinitif

• Accord avec le COD si le COD est antérieur et fait l’action du verbe à l’infinitif,

ex . Les musiciens que j’ai entendus jouer

Les musiciens que j’ai entendu jouer

• Pas d’accord si le COD est antérieur et subit l’action du verbe à l’infinitif,

ex. Les airs que j’ai entendu jouer

Les airs que j’ai entendu jouer

Se laisser, se voir, se sentir suivis d’un verbe à l’infinitif :

– accord si le sujet fait l’action,

ex. Marie s’est sentie défaillir

Marie s’est sentie défaillir

– pas d’accord si le sujet subit l’action,

ex. Marie s’est laissé pousser des couettes

Marie s’est laissée pousser des couettes

Fait suivi d’un infinitif : toujours invariable,

ex. Elle s’est fait pousser les couettes

Elle s’est faite pousser les couettes

Mais Marie s’est faite belle (pas d’infinitif derrière)

Marie s’est faite belle

PP des verbes pronominaux

essentiellement pronominaux

Accord, ex. Elle s’est absentée.

Elle s’est absentée.

Mais pas d’accord avec s’arroger

Ils se sont arrogé des droits

Ils se sont arrogés des droits

non réfléchis

Accord, ex. Elle s’est aperçue de son erreur.

Elle s’est aperçue de son erreur

de sens réfléchi

Accord, ex. Elle s’est blessée

Elle s’est blessée

– Avec un COD postérieur, pas accord,

ex. Marie s’est blessé les mains

Marie s’est blessée les mains

– Avec un COD antérieur, accord avec le COD, ex. Les mains que Marie s’est blessées

Les mains que Marie s’est blessée

de sens passif

Accord, ex. Les manteaux se sont bien vendus

Les manteaux se sont bien vendus

de sens réciproque,

accord, ex. Ils se sont appelés

Ils se sont appelés

PP invariables

• Verbes intransitifs ou transitifs indirects qui ne peuvent avoir de COD,

ex. Ils se sont plu (plaire à quelqu’un),

Ils se sont succédé (succéder à quelqu’un), Elles se sont menti (mentir à quelqu‘un)

Ils se sont plus,

Ils se sont succédés

Elles se sont menties

Se faire suivi d’un infinitif,

ex. Marie s’est fait entendre

Marie s’est faite entendre

PP des verbes impersonnels

Toujours invariable,

ex. Il est arrivé que ces films soient tristes

Il est arrivé que ces films soient tristes

Cas particuliers

Accord avec « on »

Masculin si on ne connait pas qui est « on », ex.  On s’est promené tout l’après-midi

On s’est promené tout l’après-midi

– sinon accord,

ex. On s’est promenées tout l’après-midi (« on » = quelques femmes)

On s’est promenées tout l’après-midi

Adverbe de quantité (tant, combien, que…) suivi d’un complément, le PP s’accorde avec ce complément,

ex. Combien de pommes Marie a-t-elle mangées ?

Combien de pommes Marie a-t-elle mangé ?

– pas d’accord si l’adverbe de quantité n’est pas suivi d’un complément,

ex. Combien Marie a-t-elle mangé de pommes ?(pommes est placé après)

Combien Marie a-t-elle mangé de pommes ?

Accord avec le pronom « en »

Le PP est généralement invariable,

ex. Les films, j’en ai vu beaucoup

Les films, j’en ai vu beaucoup

– Mais accord si « en » est précédé d’un adverbe de quantité plus, combien, autant, … ex. Les films, combien en as-tu vus ?

Les films, combien en as-tu vu ?

– Mais si l’adverbe suit en le PP est invariable,

ex. Ces films j’en ai tant vu

Ces films j’en ai tant vu

Claude GRUAZ

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Le nouveau participe passé

Un article de Roland Eluerd

73b Le nouveau participe.jpg

Les règles de notre orthographe ne sont pas immuables. Dans ses Dictionnaires de 1740, 1762 ou 1835, l’Académie française a entériné des modifications importantes. Par exemple, nous n’écrivons plus la fiebvre, une forest, des enfans, je chantois. Ces modifications ne furent pas invisibles : elles ont parfois affecté un bon tiers des mots recueillis dans le Dictionnaire.

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Pourquoi EROFA ? en ortografe modifiée

Ce texte expérimental aplique les modifications étudiées par EROFA. Tous les domaines n’ayant pas été explorés, certains mots conservent l’ortografe ordinaire.

Le niveau de l’ortografe baisse, cela n’est plus discutable.

Les causes sont nombreuses : sociales, pédagogiques, mais aussi linguistiques.

Des remèdes sont proposés, certains rétrogrades, d’autres avant-gardistes, tel le recours aus corecteurs.
Les réformes passées auraient toutes échoué. Ceci doit être modulé : les Rectifications de 1990 sont intégrées dans la plupart des dictionaires et le sont maintenant oficièlement dans les manuels scolaires.

Mais les usagers ont été déroutés par le grand nombre et la diversité des points abordés dans les Rectifications ainsi que par le nombre restreint de mots concernés dans une page quelconque.

ÉROFA « Études pour une rationalisation de l’ortografe française d’aujourd’hui » s’est doné pour objectif de procéder à des recherches portant sur un petit nombre de points mais qui touchent un grand nombre de mots.

L’ortografe actuèle du français est comparable à une vile d’un autre âge, un ensemble de rues, de ruèles et d’impasses qui s’enchevêtrent, dans lesquèles on ne s’aventure jamais sans redouter quelque embuche au coin de chaque rue. ÉROFA se propose de remplacer ce dédale par de grandes avenues où l’on circulerait en toute sécurité.

Quatre conditions doivent être remplies pour ateindre ce but :

  1. chaque point doit être étudié avec le souci de conaitre toutes les implications qu’une modification entrainerait;
  2. la règle avancée doit être facile à comprendre, à mémoriser et à apliquer par tout écrivant;
  3. èle doit avoir une grande portée;
  4. èle doit prendre en compte les réalités de la francofonie.

Les règles préconisées sont simples, tèles « En règle générale, une consone n’est pas doublée, èle ne l’est que lorsque le raport à l’oral l’exige », ex. nourir come courirférure come férié, mais ennui, et « En finale de mot, X est remplacé par S », ex. des bureaus come des tablesdes bijous come des clous. Ces règles sont aisément mémorisables et portent sur des miliers de mots.

La démarche utilisée est expérimentale, èle procède par ipotèses successives, l’ipotèse devient règle lorsqu’èle est validée par aplication à un corpus informatisé.

L’objectif actuel est de faire prendre conscience aus usagers que ces modifications sont possibles, qu’èles permètent d’écarter des règles qui n’ont pas de raison d’être et qui compliquent inutilement les processus d’acquisition et le travail des enseignants. L’ortografe française s’orientera alors, à plus ou moins long terme, dans le sens d’une plus grande logique.

L’on ne peut qu’être encouragé par le soutien d’éminents linguistes, de journalistes avertis et d’usagers éclairés, ainsi que par la réaction de l’Académie française qui, dans un courier, a estimé que les travaus d’ÉROFA « lui sont de la plus grande utilité pour nourir sa réflexion ».

Claude Gruaz, président de EROFA